Lorsque le Président Abdelaziz Bouteflika, nouvellement élu, accepta l'invitation du Forum de Crans Montana de participer à la session qui suivait immédiatement son installation en juin 1999, lorsqu'il proposa de revenir une deuxième fois quelques mois plus tard, le monde entier était porté par un immense espoir de voir ce pays riche, puissance pétrolière de premier plan, doté d'une belle jeunesse, devenir un Etat moderne, développé, rayonnant et l'une des locomotives économiques du Maghreb.
L'Algérie est en effet le seul pays du Maghreb à disposer de ressources pétrolières colossales avec 12,2 milliards de barils en réserve ! Il n'y avait aucune raison valable pour que la réussite ne soit pas totale dès lors qu'une gouvernance moderne, ouverte et performante était mise en place.
Les discussions intenses qui ont alors occupé plusieurs nuits d'affilée (!) les investisseurs potentiels et les conseillers du Président algérien, M. Abdellatif Benachenou, Ministre des Finances d'une part et M. Hamid Temmar, Ministre du Plan d'autre part étaient pleinement rassurantes et convaincantes.
On parlait à cette époque, par exemple, de la grande autoroute du Caire à Dakar, passant par Alger et le Maroc, on parlait d'immenses projets d'infrastructures et de promotion sociale et économique. L'espoir était grand. On parlait aussi de coopération tous azimuts. Un mouvement incroyable semblait amorcé, l'Algérie étant promise à un avenir moderne et à un rôle déterminant sur la scène internationale.
Curieusement, après 1999, année après année, un certain silence s'est installé, les nouvelles se sont faites moins optimistes et la communication se fit plus rare.
Mais quelle tristesse, ce matin 26 août 2016 de lire l'éditorial de l'un des grands quotidiens algériens LE MATIN D'ALGERIE et de découvrir la situation actuelle à Alger !
Sous la plume de M. Cherif Ali, on peut lire cet état des lieux (extraits de l'article) :
"En règle générale, nos villes, nos rues et nos marchés sont sales, et surtout envahis de cohortes mendiantes !
Il est, certes, évident et on ne peut l'ignorer, que la fermeture d'entreprises, conjuguée au désastre occasionné par la décennie noire avec son lot de déracinés, de handicapés, d'orphelins et de veuves, ont contribué à gonfler le rang des démunis et des sans ressources. Les pouvoirs publics ont mis en place un mécanisme d’aide pour leur venir en aide avec notamment la mise en place d’un "filet social" et le couffin du ramadan» qui a tant fait couler d’encre.
Le fléau de la mendicité a dépassé tout entendement et ses ramifications semblent sans limites. Car c'est bien d'une profession ignoble dont il s'agit, même si bien sûr il ne faut pas oublier qu'il y a encore des nécessiteux qui s'abstiennent souvent de tendre la main et, s'ils s'y résignent, c'est en désespoir de cause, et pour le moins, provisoirement pour la plupart.
Organisés en bande, transportés et ventilés par des réseaux maffieux, ils agissent comme des agents modèles, structurés et soumis à des obligations professionnelles et à une obligation de résultat ou de quota à atteindre. Dans ce ramassis, on ne peut, par exemple, ne pas remarquer à Alger et ailleurs, la présence de jeunes femmes avec des nourrissons marmonnant quelques litanies pour faire pitié. Cet étrange attelage «mère-bébé», à croire qu'il a été cloné pour la circonstance, s'essaime sur les voies de circulation.
A ce propos, la Commission Nationale Consultative de Promotion et de Protection des Droits de l’Homme (CNCPPDH) a lancé un appel pressant aux autorités publiques afin qu’elles mettent un terme à l’utilisation d’enfants et de nourrissons dans la mendicité ; la commission s’est déclarée dans un communiqué «consternée et outrée» par l’utilisation d’enfants en bas-âge !
A ces mendiants locaux, s'ajoutent, également, des migrants étrangers qui s'adonnent «à la manche», dans les tramways, métro, cafés et tous les espaces publics !
Notre pays, "l'appel d'air" aidant est de nouveau, assailli par des grappes d'Africains, majoritairement Nigériens qui ont élu domicile dans les rues. A croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux en 2014 et 2015 à l'occasion d'opérations de retour enclenchées conjointement par l'Algérie et le Niger, reste malgré tout en croissance continue et s'installe dans la durée dans le pays !"
Comment en est-on arrivé là ? Que réserve cette situation dramatique, humainement insoutenable et révélatrice d'un naufrage économique et social global ?