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L’agence de notation Standard & Poor’s dégrade coup sur coup la notation de la Chine et de Hongkong.
Chantier résidentiel dans la banlieue de Pékin, le 15 août.
Soucieux d’éviter l’éclatement d’une bulle immobilière,
Pékin a durci les conditions d’achat et d’octroi de prêts.
Maintenir la croissance à flot. Maîtriser les risques financiers. Pékin n’a cessé de marteler ce double objectif tout au long d’une année censée culminer avec le XIXe Congrès quinquennal du Parti communiste chinois (PCC), qui s’ouvrira le 18 octobre. Deux visées difficilement conciliables aux yeux d’une partie de la communauté financière internationale, comme vient de le rappeler l’agence de notation Standard & Poor’s, à quelques semaines de cet événement politique stratégique censé conforter l’autorité du président Xi Jinping. Jeudi 21 septembre, S&P a annoncé avoir abaissé d’un cran la note de la dette souveraine chinoise, de AA – à A +.
En cause, l’envolée du crédit qui « a contribué à une forte croissance du produit intérieur brut », mais « a également détérioré la stabilité financière » de la deuxième économie mondiale, estime l’agence de notation. Vendredi, Hongkong s’est retrouvé dégradé à son tour, perdant son précieux « AAA », la meilleure note possible, pour hériter d’un « AA + ». La cité-Etat paie à son tour le fardeau de l’endettement chinois en raison des « liens institutionnels et politiques très forts » qu’elle entretient avec la Chine continentale, a précisé S&P.
Depuis des années, le géant asiatique finance sa croissance à crédit. Si aucun économiste ne lui prédit une crise de dette imminente, tous s’accordent pour juger la dynamique inquiétante. Au total (hors secteur financier), l’endettement chinois atteint déjà près de 260 % du produit intérieur brut (PIB), contre 150 % fin 2006. Il pourrait frôler les 300 % dès 2022, alertait en août le Fonds monétaire international.
Conditions d’achat et d’octroi de prêts durcies
S&P suit les traces de sa concurrente Moody’s, qui avait déjà abaissé la note chinoise en mai. Comme alors, cette décision est essentiellement symbolique. La dette de l’Etat chinois est essentiellement détenue par des acteurs domestiques, souvent publics...
Nordic telecommunications firm Telia Company will pay the U.S. Department of Justice, U.S. Securities and Exchange Commission and Dutch and Swedish regulators US$ 965 million to resolve bribery allegations previously investigated by OCCRP in 2015.
Mrs Karimova guest of honour of a prestigious session at the World Economic Forum in Davos.
The place where carefully selected and respected World's decision makers use to be invited !
Telia Company, formerly known as TeliaSonera, was caught funneling US$ 330 million in bribes through a slush fund spearheaded by the late Uzbek president's daughter, Gulnara Karimova. The money was intended to facilitate Telia's entrance into the Uzbek telecommunications market, OCCRP reported. Telia's Uzbek branch, Coscom formally admitted to the claims.
Because the bribes traveled through an account based in New York City, it is a direct violation of the Foreign Corrupt Practices Act (FCPA), according to a statement released by the U.S. attorney’s office.
"If your securities trade on our exchanges and you use our banks to move ill-gotten money, then you have to abide by our country's laws. Telia and Coscom refused to do so, and they have been held accountable in Manhattan federal court today," said Joon Kim, U.S. attorney for the Southern District of New York, in a statement.
Former Telia CEO, Lars Nyberg and two other Telia employees will be charged by Swedish prosecutors for their involvement with the Uzbek bribes, Channel NewsAsia reported.
U.S. and Dutch authorities demanded monetary compensation for the Telia bribery scheme a year after Telia Company announced its gradual withdrawal from Central Asia in 2015.
Current Telia CEO Johan Dennelind released a statement saying Telia employees must make sure they understand "the importance of doing the right thing all the time," adding that "the resolution and related financial sanction that we announce today is a painful reminder of what happens if we don't."
According to the same OCCRP investigation, Russian-Norwegian telecommunications company VimpelCom profited from the same kind of corruption. VimpelCom admitted last February to bribing Karimova, and consequently agreed to pay US$ 795 million to U.S. and Dutch authorities.
Stupéfaction : Lénine, ce monstre, chef d’orchestre des plus grands malheurs du monde, qui a conduit la Russie aux pires excès, aux plus grands massacres et ruiné un pays et toute sa population roulait en ...Rolls Royce !
Inimaginable !
Que penser de ceux qui lui ont dressé des statues !
La voiture du père de la Révolution : bouleversant !
Depuis huit siècles, la Suisse a construit son indépendance, sa solidité et sa prospérité sur une neutralité intelligente que jamais ses dirigeants n'ont pensé à remettre en question. Tout au moins à une époque où ils étaient conscients de la relativité de leurs missions.
Le Conseil Fédéral n'est pas un Gouvernement. C'est un exécutif et ses membres doivent toujours garder à l'esprit qu'ils ne disposent d'aucune autonomie personnelle pour "refaire" ou tenter de refaire leur pays.
Quoi que dise Trump, le critiquer ne fait que vous exposer inutilement car personne ne vous écoute, ne relayera vos propos ni n'en tiendra compte !
Alors ne jouons pas aux "grands" ! Nous ne sommes pas grands mais chez nous, par contre, les choses vont assez bien. Alors contentez vous de veiller à ce que cela continue !
En 1994, mon ami Václav Klaus, premier ministre de la République Tchèque m'invite à me joindre à un déjeuner qu'il offre à l'occasion du passage du ministre suisse des finances M. Otto Stich.
Au cours du repas, avec la brutalité intellectuelle qui fait son charme et sa réputation, Václav Klaus se tourne soudainement vers Stich. Commence alors un dialogue surréaliste :
- toi Otto tu n'es pas ministre des finances !
Stupéfaction ! Le brave Stich qui mangeait sans poser sa pipe manque d'avaler celle-ci ! Il est pourtant bien le ministre suisse des finances.
- comment ça ? balbutie-t-il décontenancé
- tu seras ministre des finances le jour où tu auras réellement le pouvoir de fermer une de tes grandes banques en cas d'infraction. Tu sais très bien que tu n'en as pas la possibilité même si la loi t'en donne théoriquement le pouvoir !
Il avait totalement raison. Mais cela dit, ce n'est pas valable que pour la Suisse.
Les grandes banques ne seront jamais fermées administrativement même si elles font les pieds au mur et violent gravement la loi. C'est pourtant la sanction ultime que prévoit la loi.
Cela pour de multiples raisons, économiques, sociales et financières...
Malheur donc aux petites banques qui commettent des fautes alors que l'impunité de fait bénéficiera toujours aux plus grandes.
En cela, le rapporteur des Nations Unies, M. Jean Ziegler, dont le parcours a soulevé nombre de critiques au fil des ans, n'a pas tout à fait tort.
Il y a des années, un directeur général de grand hôtel était dans son hall, à s'occuper de ses clients... De ce fait il les connaissait et apprenait à les connaître. Je n'en connais plus qu'un qui soit digne de ses fonctions : François Delahaye, le patron du Plaza Athénée à Paris ! Il est toujours là, attentionné et veillant au moindre détail.
Les autres, ceux de la nouvelle génération, passent leurs journées en réunion à refaire le monde et leurs budgets. Ils se prennent pour de grands patrons car ils trônent à longueur de journée au milieu de leurs collaborateurs endormis. En effet ces meetings ne servent à rien.
Pendant ce temps, les clients sont livrés à eux-mêmes et la notion d'hôtellerie de luxe n'a plus de sens car il n'y a plus d'attentions personnalisées.
Une chose que je ne supporte plus. Lorsque je suis dans un palace et désire parler au directeur général, je m'adresse à la réception - puisque par définition il n'est plus dans le hall - et on me répond à coup sûr : vous avez rendez-vous ?
Imaginez pour qui se prennent ces petits fonctionnaires d'entreprise !!!
Cette semaine se tient pour la première fois un nouveau forum, le Women in Africa.
Jusque-là rien que du banal. C'est partout que ce genre d'Initiatives fleurissent ! Certains taxent même les participantes à environ 4.000 Euro le ticket d'entrée.
Mais, lorsqu'on découvre que ce Forum va donner des Prix aux hommes qui auront fait une place aux femmes, on croit vraiment rêver !
Les femmes africaines n'ont pas besoin des hommes pour se faire la place qui leur revient dans leur société ! Heureusement d'ailleurs !
La politique de taux d’intérêts ultra bas menée par les banques centrales est inédite depuis 3 000 ans et met gravement en péril nos économies.
Auteur d’une monumentale histoire des taux d’intérêts1, l’économiste Richard Sylla a récemment invité son audience lors d’une émission radio américaine à méditer le caractère exceptionnel de la période économique que nous traversons :
"les taux que nous avons connus au cours des dernières années, et en particulier en ce moment, sont tout simplement les plus faibles de toute l’histoire. Le livre que j’avais co-signé retraçait pourtant l’histoire de ces taux d’intérêts depuis le Code d’Hammourabi, les civilisations babyloniennes, grecques et romaines, à travers le Moyen Âge, la Renaissance, et l’histoire moderne jusqu’en 2005. Et je puis vous assurer que jamais au cours de ces périodes les taux d’intérêts n’ont été aussi bas qu’en ce moment."
Pour un historien économique comme Sylla, nous serions tout simplement à un point d’inflexion extrêmement dangereux de notre histoire humaine, car loin d’être uniquement le produit d’un accident économique (une Dépression) ou géopolitique (guerre, famine) comme par le passé, cet abaissement des taux d’emprunts et de rendements (qui ne sont que l’avers et le revers d’une même réalité) est amplifié par l’action des banques centrales et par une volonté politique (peu de gouvernants réclament à l’heure actuelle une hausse des taux…). Sylla ne s’intéresse guère à l’économie sur deux-trois ans et constate bien une période de taux faibles depuis les années 1990 au regard de son approche historique sur plusieurs millénaires.
Or, rien ne serait plus erroné que de dire que seule la crise de 2008 expliquerait cet état de fait exceptionnel. En réalité, ce sont des déséquilibres structurels de l’économie mondiale et l’échec des zones monétaires qui en ont précipité la survenance : à des pays tournés vers la consommation domestique, le crédit, l’emprunt, cumulant des déficits de leur commerce extérieur et tentant désespérément de maintenir leur niveau de vie en l’absence de gains de productivité (les USA, le Royaume Uni, la France, l’Europe du Sud) se sont opposés d’autres, au contraire (y compris au sein de la zone d’euro), privilégiant des excédents commerciaux, l’épargne, l’investissement (Allemagne, Chine et dans une moindre mesure les autres pays asiatiques). L’excès d’épargne et de monnaie des derniers est venu dès les années 1990 inonder les premiers ; de ce déséquilibre entre l’offre et la demande de monnaie et de capital est apparue une première baisse tendancielle des taux d’intérêts. La seconde est venue de dirigeants politiques devenus incapables, par recherche de prébendes électoraux, d’accepter les récessions conjoncturelles tous les quatre ou cinq ans. L’arme monétaire leur est apparue comme le meilleur moyen d’éviter les douloureux ajustements structurels (fiscalité, budget, systèmes de retraites et de sécurité sociale) alors même que Keynes avait bien mis en exergue les limites de la politique monétaire, lors de la survenue de la fameuse trappe à liquidité ; le mythe de l’indépendance des banquiers centraux s’est vite écroulé aussi bien que celui du dogme monétariste… la voie était déjà tracée bien avant la crise (avec le magistère d’un banquier central comme Greenspan par exemple aux États- Unis) pour permettre aux banquiers centraux de se réinventer en deus ex machina de nos économies. Taux d’intérêts bas en permanence et politiques non conventionnelles d’achats d’actifs ont définitivement consacré notre ère comme une aberration économique du point de vue de l’histoire des taux d’intérêts.
Ce niveau bas des taux d’intérêts n’entraîne pas uniquement, tant s’en faut, une survalorisation des actifs financiers et immobiliers. Il suscite surtout une mauvaise allocation du capital, dans la mesure où la recherche du moindre rendement décent justifie certains projets d’investissement sans aucune chance de devenir rentables ou même utiles pour la collectivité. Contrairement à ce que croient nombre de politiciens trop heureux de voir potentiellement tout projet financé (traduction pour eux : des gens seront occupés à le développer et donc ne seront pas au chômage), cette mauvaise allocation est dévastatrice à de nombreux égards :
a) elle génère chez les investisseurs avertis une suspicion généralisée et donc une attitude très sélective paradoxalement
b) elle crée des retards de nombreux projets car certains investisseurs attendent une remontée des perspectives de rendement pour achever leurs projets
c) l’épargne n’a plus aucun intérêt à s’investir dans ces projets si elle n’est pas rémunérée (ce que Keynes a décrit en son temps comme une trappe à liquidité)
d) les entreprises zombies, qui auraient dû disparaître dès 2008 et permettre ainsi à de nouveaux entrepreneurs d’investir certaines industries et de se développer, sont maintenues artificiellement en vie par les taux bas.
Le meilleur exemple de ce dernier phénomène est le défi posé à la monumentale transition à l’œuvre dans le domaine énergétique. Peu de citoyens soupçonnent à quel point la politique de taux bas entrave la transition énergétique aux États-Unis par exemple. Les taux bas, tout autant que la recherche du moindre rendement décent par les institutionnels, les amènent à maintenir en vie de nombreuses sociétés dans le pétrole de schiste, qui pourtant, du fait de leurs coûts élevés, du niveau bas des prix du pétrole et souvent d’erreurs de gestion, auraient dû disparaître. Cette mauvaise allocation du capital les expose à une crise potentielle des obligations du secteur et maintient en vie une compétition artificielle aux énergies renouvelables.
L’économiste Hyman Minsky nous a légué une formule assez appropriée à la période actuelle : « la stabilité amène l’instabilité ». Avec des dirigeants endormis à la barre, un faux sentiment de sécurité chez les investisseurs qui les amènent à multiplier les erreurs, et des banquiers centraux victimes de leur propre hubris, cette période anormalement basse de taux d’intérêts porte en germe les prémisses d’un évènement financier violent.
Reprise d’une analyse dans le Nouvel Économiste « Taux d’intérêts : zone dangereuse pour l’économie »
A la surprise générale, la Cour suprême a invalidé la victoire du président sortant, Uhuru Kenyatta, pour « irrégularités ». Un événement historique pour le Kenya mais aussi pour l'Afrique !
L’homme le plus courageux du continent africain n’est pas cool. C’est le président d’une Cour suprême, celle du Kenya. David Maraga, pur produit du système judiciaire de son pays, vient de déclencher un séisme en reconnaissant au principal opposant du pays, Raila Odinga, le droit de ne pas se faire piétiner. Raila Odinga n’est pas cool non plus. Il n’a pas créé de start-up, ne se fait pas livrer de médicaments par drone. Il ne fréquente ni les stars de Hollywood qui veulent protéger les rhinocéros, ni les sommets pour l’élite (fortement rémunérateurs pour leurs organisateurs, généralement étrangers) où est supposé se forger le futur d’un continent en pleine mutation. Le fils du grand Oginga Odinga, figure de l’indépendance du Kenya, a passé toute sa vie d’adulte à faire de la politique, et tente, depuis vingt ans, de devenir président de la République.
Jusqu’à présent, seule une partie des électeurs kényans croyait en lui, envers et contre tout, au point de l’imaginer remporter chaque nouvelle élection présidentielle. Au point, également, d’être majoritaires ? C’est la première partie de la question. La commission électorale, le 11 août, après un étrange et interminable suspense succédant au scrutin présidentiel, avait déclaré que non. Uhuru Kenyatta, le président sortant, l’emportait selon les chiffres publiés alors, avec 54,27 % des voix, contre 44,74 % pour Raila Odinga.
L’opposition contestait ce résultat. On lui conseillait de déposer un recours devant la Cour suprême. En théorie, la plus désespérée des méthodes pour avoir gain de cause dans un différend électoral. On aurait tout aussi bien pu lui suggérer de brûler un cierge – s’il avait été catholique, comme l’ex-président Mwai Kibaki.
Railleries à peine dissimulées
Contre toute attente, cette même Cour vient d’établir que les irrégularités dans le décompte violent la Constitution, et en ont annulé le résultat. Des juges kényans ont donc pris une indépendance telle vis-à-vis du pouvoir politique qu’ils peuvent oser, en invoquant le droit, le bien commun, défaire de sa victoire l’actuel chef de l’Etat, Uhuru Kenyatta. On ignore dans quelles conditions sera conduite – dans un délai de soixante jours – une nouvelle élection présidentielle, mais, déjà, un cri de liberté a été poussé, qui résonne bien au-delà du Kenya.
Raila Odinga est un opposant que tout aurait dû décourager. En 2007, puis en 2013, sa victoire lui a été volée. La première fois, il y a eu plus de mille morts dans le pays. La deuxième, il s’est fait déposséder sans jouer la carte des affrontements.
En 2017, c’était sa dernière chance de l’emporter. Une nouvelle fois, la Commission électorale a annoncé sa défaite. Comme lors des scrutins précédents, il a eu beau crier à la fraude, la majorité des observateurs n’ont pas donné l’impression de l’entendre. Raila Odinga, en fait, suscitait des railleries à peine dissimulées : trop vieux, costumes trop mal taillés, élocution peu compatible avec les conférences TED. Quel ringard !
Après l’annonce des résultats, des diplomates se sont en conséquence hâtés de faire leurs gros yeux pour le dissuader de pousser une dernière fois ses partisans dans la rue. De nombreux commentateurs étrangers ont poussé un soupir de soulagement, émis des doutes quant aux doutes de l’opposition, plaidé pour la paix civile. Ne valait-il pas mieux un vol potentiel d’élection que de la violence post-électorale certaine ?
C’était voir court. C’était aussi contribuer à saper l’espérance démocratique kényane, comme s’il s’agissait d’un luxe. C’était enfin ne pas comprendre que, pour les électeurs kényans, comme pour ceux d’autres parties du continent, la démocratie n’est pas un jeu de poker menteur, mais l’expression de leur volonté, de leurs espoirs. Les missions d’observation électorale avaient trouvé le scrutin « transparent ». Mais les élections, au XXIe siècle, se volent surtout au moment des décomptes. Cela, tous les autocrates, mais aussi tous les électeurs concernés le savent. Et ce ne sont pas les observateurs électoraux qui risquent d’y voir clair. C’est du reste sur la base des éléments compilés par l’opposition que la Cour suprême a pris sa décision.
Ni un « gadget » ni une invention perverse
Celle-ci devra être mieux comprise, avec le recul. Mais d’ores et déjà, elle constitue une rupture. Au laisser-faire prudent, à la domination des pouvoirs en place, à l’inertie internationale, l’institution kényane a préféré un courage qui n’est pas neuf. Au Kenya, la population a fait face avant l’indépendance à une guerre civile (l’insurrection Mau Mau) organisée par la puissance coloniale, puis à une succession de régimes autoritaires. Les élections n’y étaient, en apparence que des simulacres, même après le retour au multipartisme. En 1992, en 1997, puis en 2007, les élections ont été non seulement volées, mais précédées ou suivies de violences. Cela n’a jamais découragé les électeurs. Parmi les raisons qui expliquent cet élan indestructible, une soif de justice qu’il est impossible de comprendre depuis les palais présidentiels.
Dans un continent qui se transforme, un scrutin national n’est pas simplement un exercice de lutte un peu vaine pour le pouvoir, mais le test, le lieu de mise en œuvre d’autre chose : la pluralité, et l’idée de justice, donc, qui l’accompagne. Pour créer, investir, innover, pour faire valoir ce qu’au Kenya on vénère – l’effort, le travail –, il faut des règles respectées par tous, pour tous. Il y a encore du chemin, mais quelle détermination, quelle constance ! Une élection présidentielle n’est ni un gadget, encore moins une invention perverse « occidentale », comme le clament les propagandistes des pouvoirs qui assassinent leurs opposants, mais un phénomène vital.
Comme ils prennent un coup de vieux, les autocrates du continent, réélus dans le flou artistique ou les scores ahurissants ! Le président burundais, Pierre Nkurunziza, n’avait pas attendu la proclamation des résultats pour féliciter Uhuru Kenyatta, le président sortant. Uhuru, en swahili, désigne à la fois la liberté et l’indépendance. C’est exactement les valeurs qui ont été célébrées au Kenya aujourd’hui.